Création graphique Philippe Vandendriessche

Création graphique Philippe Vandendriessche
Mise en scène : Vincent Goethals
Dramaturgie : Yves Habran
Chorégraphie : Johanna Faye et Sébastien Amblard
Scénographie et peintures : Philippe VDD
Musique : Olivier Lautem
Lumières : Philippe Catalano
avec :
Johanna Faye
Sébastien Amblard
Philippe Vandendriessche
Ce projet artistique mêlant théâtre, danse, musique, performance picturale a été porté par l’abej SOLIDARITÉ de Lille et la Compagnie Théâtre en scène.
Pendant plus de 18 mois, Christine Simons a recueilli près de 100 témoignages de personnes privées de logement. Des textes qu’elle a scrupuleusement retranscrits sans en changer un seul mot.
Ces textes ont été confiés à Vincent Goethals, metteur en scène, pour construire cette présentation théâtrale.
Une sélection a été faite avec l’intention de mettre en évidence l’universalité de ces paroles qui sont portées, sur la scène, par 2 comédien.nes-danseur.seuse.s, Johanna Faye et Sébastien Amblard.
Sur la plateau, ils évoluent entourés d’une série de portraits, peints sur des cartons, qui apparaissent au fil des récits de vies et des moment de danses.
Tout dire ou ne rien dire, respecter ou trahir, dévoiler ou violer, voyeur ou passeur ?…
Toutes ces questions délicates mais essentielles se posent à nous, metteur en scène, chorégraphe et interprètes. Un désir fou de faire entendre ces témoignages
bouleversants dans leur spontanéité, leur indécence, leur cruauté… et en même temps la peur de déformer, de glisser dans la tentation du sordide et du sensationnel, ou bien encore dans celle toute aussi coupable, de l’édulcoré, des bons sentiments et de
l’optimisme béat…
Alors d’abord, parier autant sur les mots que sur le corps ; le langage du corps ouvre des abîmes, laisse libres les interprétations, les sensations débordent les dires.
Choisir deux corporalités, une femme, un homme, la quarantaine, pouvant jouer tous les âges, de l’enfant à l’adulte, jouant des mots, dansant du corps… légèreté ou souffrance, errance et déchéance, humanité et cruauté, soif de normalité et désir fou d’amour…
Enfin l’Art, pour truchement : il ne s’agira pas d’un théâtre documentaire, les porteurs de mots seront des acteurs, la danse sera leur langage. Le décor constitué de portraits de personnes qui vivent dans la rue, seront peints sur des cartons ondulés qui structurent l’espace. Là encore la réalité sera retraduite par le pinceau de l’artiste peintre, pudeur et humilité au regard de ces vies écorchées…
Ce projet a pour vocation d’interroger le regard que nous portons sur les personnes sans domicile. Chaque présentation est suivie d’un temps d’échanges avec l’équipe de création.
A Lille, en novembre 2025, plus de 700 personnes dont une centaines
de personnes sans-abris ont pu, ainsi, partager leurs questions,
leurs impressions et leurs ressentis. Ce fut des moments
forts et émouvants.
« Je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais quand je croise une personne
sans domicile fixe, c’est toujours le même bruit dans la tête. Il y
a la gêne, la compassion, l’embarras, la culpabilité, l’agacement, tout
se mélange et je ne sais jamais trop quoi faire, alors, des fois, je presse
le pas et je regarde devant, droit devant, pour ne pas voir, parce que
je n’ai pas le temps, parce qu’il y en a trop, parce que ça fait sale, et
parce que ça fait peur aussi, parce qu’à bien y réfléchir, ça pourrait
être moi, là, assis par terre.
Et puis d’autres fois, j’essaie d’accrocher le regard, juste un instant,
histoire de partager un peu d’humanité, c’est ça, un peu d’humanité
parce que, c’est pas normal de faire comme si elle ou il n’existait pas,
des fois je donne quelques pièces, et après je me dis pourquoi elle et
pas lui, je donne quelques pièces et puis je n’en donne plus, parce que
c’est chacun son tour d’être généreux, il y a aussi ces fois où j’achète
un sandwich, parce que je ne veux pas que mon argent serve à acheter
de la drogue ou de l’alcool, thon-mayonnaise ou poulet-salade?
peu importe, et la plupart du temps, je sais même pas si elle ou il
aime ça le thon-mayonnaise ou le poulet salade… peu importe.
D’autres fois, et j’en suis pas fier, je me dis que s’ils voulaient vraiment,
ils pourraient s’en sortir, avec toutes ces associations, que c’est juste
une question de volonté, qu’il n’y a pas de fatalité, je me dis ça, et
juste après, je suis en colère contre les femmes et les hommes politiques
de ce pays, depuis le temps qu’ils font des promesses, ça fait
longtemps qu’ils auraient dû régler le problème, c’est de leur faute,
tout ça.
Je suis bien d’accord que tout ça n’est pas très constant.
Est-ce qu’il y a une bonne façon d’agir, je ne sais pas.
Et puis, un jour, au détour de la rue, quelqu’un vient s’asseoir à côté de
vous et il commence à se raconter…»
« c’était vraiment très juste »
« pas de fausses notes… aucune »
« la danse et les portraits peints : une idée de génie ! »
« incroyable, j’ai vraiment cru qu’ils avaient rencontré les personnes
en question »
« parfois c’était trop dur parce que ça renvoyait à la réalité… preuve
que vous n’avez pas trahi les propos »
« j’étais inquiet et je me demandais ce que ça allait donner,
mais vous avez réussi un tour de force : c’était vrai, touchant,
mais pas larmoyant ni misérabiliste »
« simplement… merci »
crédits photos : Richard Delecroix
Maison Folie Wazemmes
70 rue de Sarrazins
59000 Lille
Mercredi 12 novembre 2025 à 19h30 (tout public)
Jeudi 13 novembre 2025 à 14h30 (groupes)
Vendredi 14 novembre 2025 à 14h30 (groupes) et à 19h30 (tout public)
Diffusion spectacle
Vincent Goethals
06 08 80 73 58
vincentgoethals(at)theatre-en-scene.fr
Philippe Vandendriessche
06 11 10 06 41
philippe.vdd@lilo.org