Compagnie Théâtre en Scène | L’habilleur
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L’HABILLEUR
Ronald Harwood
Janvier 1942, L’Angleterre est en proie aux bombardements nazis ;
les acteurs valides sont sous les drapeaux, les théâtres brûlent. Dans ce chaos, une troupe de province s’apprête à jouer le Roi Lear. Le « maître » qui dirige la troupe et joue chaque soir les rôles titres des pièces de Shakespeare, se prépare, mais son esprit s’échappe, son corps à bout de nerfs, le trahit. Incapable de se résoudre à l’annulation de la représentation, Norman, l’ombre du maître, son « habilleur », à son service depuis 16 ans,le réconforte, l’encourage et se démène contre l’avis des autres comédiens, pour qu’il assure la représentation…

Crédits photo : Virginie Pérocheau

Traduction – Dominique Hollier

Mise en scène – Vincent Goethals

Dramaturgie – Bernard Bloch

Avec

Bernard Bloch : Le Maitre, le directeur de troupe

Marc Schapira : Norman, l’habilleur

Camille Grandville : Madge, la directrice-régisseuse

Muranyi Kovacs : Lady M, la femme du Maitre

Baptiste Roussillon : Geoffrey Thornton et Mr Oxenby, acteurs de la troupe

Jeanne Hirigoyen : Irène, jeune première débutante

Scénographie et costumes Anne Guilleray
Lumières Philippe Catalano
Environnement sonore Bernard Vallery

Chargée de production / diffusion : Valérie Teboulle

Production Théâtre en Scène
Coproduction Opéra-Théâtre Metz Métropole
Coréalisation Théâtre Berthelot de Montreuil
Avec le soutien de la ville de Montreuil

Notes d’intentions

CÔTÉ COUR, CÔTÉ JARDIN : ENTRE L’ESPOIR ET L’AGONIE

Une pléiade de rôles peuple cet Habilleur, à commencer par le couple central formé par Sir George, vieil enfant charmeur et exaspérant, condensé tragique et clownesque des personnages de Shakespeare, trop narcissique pour deviner les sentiments amoureux que lui porte son habilleur Norman, qui se montre, lui, attentionné jusqu’à la dévotion, possessif jusqu’à l’obséquiosité, main de fer dans un gant de velours, habile sous ses airs inoffensifs, qui connaît son protégé jusqu’à tenter de le protéger de lui-même, précédant ses pas comme ses moindres désirs, couvant son secret jusqu’au tomber du rideau.. Ces deux-là se jouent l’un à l’autre, très naturellement, la comédie nécessaire : vieil enfant et nounou, tyran et souffre-douleur.
De l’autre côté, il y a tous les autres, obligés eux aussi, de contrefaire leur naturel devant le Maître pour ne pas subir ses foudres, la compagne de Sir George Peggy dite « Lady M », actrice aux beautés déclinantes, prisonnière d’une troupe et de son mari. Madge, la directrice-régisseuse du théâtre dont les attitudes gouvernées par le devoir laissent deviner combien ses relations secrètes avec Sir George ont pu être blessantes. Irene, la jeune actrice prête à tout pour gagner les faveurs du Sir Manager-George, enfin, les rôles comiques et touchants de Geoffrey Thornton et Mr Oxenby, acteurs de seconde zone composant la troupe agonisante d’un théâtre en temps de guerre.
Vincent Goethals

Ronald Harwood

Né au Cap, en Afrique du Sud, en 1934, Ronald Harwood s’établit en Angleterre en 1951 pour suivre les cours de la Royal Academy of Dramatic Art. En 1953, il se joint à la Shakespeare Company de Sir Donald Wolfit. Il y agit pendant cinq ans en tant qu’habilleur de Sir Donald mais également comme comédien au sein de la compagnie. À partir de 1960, il se met à l’écriture et est aujourd’hui considéré comme l’un des meilleurs auteurs britanniques contemporains. Ronald Harwood a écrit pour la scène : Country Matters, The Ordeal of Gilbert Pinford (d’après Evelyn Waugh), The Dresser (L’Habilleur), dont l’adaptation cinématographique, réalisée par Peter Yates et interprétée par Albert Finney et Tom Courtenay, lui valut une nomination pour l’Oscar du meilleur scénario, After the Lions (sur la vie de Sarah Bernhardt), Tramway Road, The Deliberate Death of a Polish Priest, Interpreters, J.-J. Farr, Ivanov (d’après Tchekov), Another Time, Reflected Glory, Poison Pen, Taking Sides (1995), The Handyman (1996), Equally Divided, Quartet (1999), The Guests et Goodbye Kiss. Il est également scénariste des films A High Wind in Jamaica d’Alexander Mackendrick, One Day in the Life of Ivan Denisovitch de Casper Wrede, The 7th Dawn de Lewis Gilbert, The Doctor and the Devils de Freddie Francis, The Browning Version de Mike Figgis (d’après la pièce de Terence Rattigan) et Le Pianiste de Roman Polanski qui a remporté la Palme d’or du 55e Festival de Cannes, en 2002. Il est aussi l’auteur de plusieurs romans, dont Home qui a reçu le prix du Jewish Quaterly dans la catégorie fiction en 1994. Par ailleurs, il a écrit The Faber Book of Theatre et un livre sur l’histoire du théâtre intitulé All the World’s a Stage. Il est aussi l’auteur d’une biographie Sir Donald Wolfit CBE : His Life and Work in the Unfashionable Theatre.Commandeur de l’Empire britannique, Compagnon de la Société royale de littérature en 1974, Ronald Harwood a été président du PEN Club international de 1993 à 1997, organisme dont il présida la section anglaise durant les quatre années précédentes. En 1996, il a été nommé Chevalier de l’Ordre National des Arts et des Lettres et, en 1999, Compagnon de l’Ordre de l’Empire britannique.

La mise en scène

Il n’est pas vraiment question ici de mettre en scène mais plutôt d’accompagner une troupe d’acteurs, et plus particulièrement deux comédiens majeurs et de les aider à se dépasser. Il ne s’agit surtout pas de concept et de relecture ; juste une confrontation intelligente et fine de la pièce de Ronald Harwood, dans la traduction de Dominique Hollier (1980) et du film de Peter Yates (1983). Il s’agit pour moi, avant tout, d’accepter d’être témoin d’une rencontre entre deux acteurs que j’aime, que j’admire et qui ont envie, guidés par moi, d’emprunter des sentiers différents, de prendre des risques, d’oser l’inattendu, la surprise, l’inconfort. En écrivant L’Habilleur, Ronald Harwood, lui-même ex-habilleur, voulait de toute évidence rendre hommage aux artisans du théâtre qui oeuvrent dans l’ombre… Paradoxalement, c’est en créant deux personnages magistraux, et en faisant un cadeau unique aux artisans de la lumière, aux acteurs, qu’il rend compte des coulisses du monde du théâtre. Et je ne doute pas qu’il va me permettre d’assister, tout comme le public, à ces moments troublants où deux grands comédiens, sans orgueil ou fausse pudeur, avec humilité et acharnement, osent prendre des risques et jouent sans autre filet que mon oeil reconnaissant.
C’est à Bernard Bloch, ayant déjà interprété pour moi un Volpone inoubliable, que j’ai confié ce rôle de cabot insupportable et étonnamment humain et touchant qu’est Sir George, personnage qui vit sur une planète théâtrale si loin de la nôtre, sans jugement ou préjugé mais avec une générosité qui n’a d’égal que son talent. A Marc Schapira, acteur fidèle que j’ai dirigé maintes et maintes fois et qui ne cesse de m’étonner, je lui propose de s’aventurer dans des zones obscures où je ne l’ai que très rarement vu s’aventurer, le faire sans mépris ou envie d’épater mais avec intelligence et vérité. Je souhaite voler à ces deux interprètes précieux un moment d’intimité, d’inspiration et de magie. On dit parfois qu’un comédien a rencontré son personnage et que c’est chose rare et précieuse… C’est à cette rencontre que je souhaite m’atteler en montant cet Habilleur de Ronald Harwood, avec ces deux complices amis, soutenus par une bien belle brochette de comédien(e)s.
A un moment charnière de ma vie de metteur en scène, embrasser cette oeuvre, c’est me réinterroger sur les fondamentaux qui ont façonné mon parcours théâtral : un théâtre comme écrin, des mots d’auteurs pour truchement, des acteurs en émotion et un public attendu et complice pour un rendez-vous simple et intense.

Vincent Goethals

Crédits photos : Virginie Pérocheau – Alice Chalmendrier

Revue de presse
Quarante ans après sa création, la pièce L’Habilleur est surtout devenue un classique et la version que propose Vincent Goethals, ancien directeur du Théâtre de Bussang, le démontre en offrant à son spectateur ce qu’on pourrai appeler un « vrai spectacle théâtral ».
A l’heure des seuls-en-scène, des duos d’hommes célèbres papotant sur leurs faits et gestes, Goethals propose 1 heure 45 minutes de théâtre, de pur théâtre. Avec d’abord, un texte qui a fait ses preuves et qui raconte ce qu’était le théâtre dans le Londres du Blitz, ville martyrisée par les bombardements nazis. Comment mieux résister à la barbarie qu’en utilisant la puissance de feu du « Roi Lear » ? Mais sans cacher que le théâtre est une histoire d’hommes avec leurs défauts et leurs rancoeurs.
Habilleur du « Maître » (Bernard Bloch), c’est ainsi qu’il l’appelle, Norman (Marc Schapira), porté sur la dive bouteille, n’est pas considéré à sa juste valeur par le tyrannique et avaricieux directeur de la compagnie. On n’est pas très loin d’un rapport de domination pintérien, comme dans « The Servant ». Tout au long de la pièce, rythmée par les explosions extérieures et les colères intérieures, se déroule une comédie intime sous fond de tragédie shakespearienne. Agé, presque à l’agonie, le « maître » réussira-t-il encore une fois à incarner Lear, et à y mettre tout son supposé génie théâtral ?
Tout autour d’eux, viendront jouer leur partition, Madge, la directrice-régisseuse (Camille Grandville), Lady M, la femme du maître mourant (Muranyi Kovacs) et des acteurs antithétiques campés tous les deux par Baptiste Roussillon, Georges Thorton, aigri et revenu de tout, et Mr Oxenby, heureux de jouer des petits rôles. Enfin, Irène (Jeanne Hirigoyen), la jeune débutante, seule image de jeunesse dans cet univers crépusculaire.
On appréciera la scénographie astucieuse d’Anne Guilleray qui dans une scène en demi-cercle condense la loge de « Sir George », qui pourra s’ouvrir par l’arrière sur le théâtre en train de se jouer. Ce théâtre dans le théâtre bénéficiera particulièrement des belles lumières de Philippe Catalano. « L’Habilleur » est en effet dans un bel écrin, constamment nourri de belles idées et d’images signifiantes. Tout de blanc vêtu, presque clown blanc enfariné, le « Maître » se transforme quand il porte le magnifique costume d’hermine royale que lui a confectionné Dominique Louis et Sohrab Kashanian. Evidemment, cet affrontement de deux hommes incarnant deux classes et deux existences bien différentes, l’une en pleine lumière, l’autre dans les coulisses, vaut par les magistrales interprétations de Marc Schapira et de Bernard Bloch. Sans les assommer sous la référence, ils tiennent la comparaison avec les acteurs anglais qu’on a vu à l’écran dans les mêmes rôles. On sent qu’ils aiment être sur scène, d’autant plus qu’ils y perpétuent, grâce à Vincent Goethals, un beau théâtre populaire, celui qu’on aimerait voir plus souvent représenté.

Philippe Person, www.froggydelight.com

« Pour sa pièce, L’Habilleur, que met en scène avec talent scénique Vincent Goethals de la compagnie Théâtre en scène, Ronald Harwood s’est inspiré de son expérience »… »L’esprit un peu désuet et décalé de la pièce de Ronald Harwood est admirablement reproduit sur le plateau, dans la scénographie de Anne Guilleray, sous les lumières de Philippe Catalano, un espace vide et abandonné avec deux grandes malles verticales dont les techniciens ouvrent les portes pour faire apparaître le décor. Une penderie de magnifiques costumes de théâtre (Dominique louis) éclaire le lointain de couleurs et d’apparats d’un passé éblouissant aux scintillements disparus. Sur le devant de scène, les techniques élémentaires à vue d’un théâtre en représentation, la machine à vent, la plaque à tonner, les tambours qui grondent…

Tous les interprètes – théâtre dans le théâtre – « mettent la main à la pâte » autour du Maître déclinant, magnifiquement incarné par Bernard Bloch, dramaturge également, à la présence, redoutable, énigmatique et à la puissance verbale. Marc Schapira – le rôle de Norman, l’habilleur – est à son habitude parfait dans ce jeu subtil qui mêle à la fois l’apparence d’une grande servilité et une distance amusée. Il boit régulièrement le cherry brandy de sa flasque de poche, veillant à ce que nul n’approche le Maître, nul importun ni jeune première débutante aux projets carriéristes, remarquablement interprétée par Jeanne Hirigoyen. Camille Grandville est la directrice-régisseuse sur laquelle repos ele bon fonctionnement de cette dernière représentation, fébrile, nerveuse et attentionnée. Muranyi Kovacs incarne Lady M, la femme du Maître, inquiète et lassée, mais constante et convaincante dans la scène ultime de la mort de Cordélia et de Lear.

Une scène vue de dos, derrière un rideau de voile, la salle située dans le lointain, comme si le public assistait à la représentation depuis les coulisses, avec en face inversée encore la vidéo projetée de la scène filmée en gros plans, Lear en majesté. Puis, de temps en à autre, le rideau de velours rouge du théâtre s’ouvre ou se ferme, découvrant la loge du Maître où sévit en roi l’habilleur sur ses terres personnelles. Un acteur apparaît, depuis l’arrière du rideau, et s’adresse au public dans la lumière. Baptiste Roussillon joue avec élan les acteurs divers de la troupe, l’un, communiste et râleur, prétendant à l’écriture d’une pièce dont le Maître ne lit jamais le manuscrit, et l’autre, acteur fidèle de la troupe, velléitaire un peu médiocre et un peu alcoolique.

Un spectacle passionnant qui observe l’envers de toute représentation, sa dimension technique et concrète d’un côté, et de l’autre, ses objectifs plus cachés, les sentiments et le points de vue de ses acteurs, chef de troupe, régisseur, habilleur.

Des coulisses interdites habituellement au public, délivrées à vue avec précaution ».

Véronique Hotte, hottellotheatre, théâtre du blog, contemporain.net, scoop.it, revue de théâtre, Encyclopedia Universalis

« (ceci n’est pas une critique, mais…). Je ne sais pas par quoi commencer : dois-je mentionner qu’on m’avait proposé d’interviewer le metteur en scène pour le Blog de Nestor, mais que cela n’a malheureusement pas pu se faire; que j’ai étudié la biographie de celui-ci (que je ne connaissais que de nom) et que j’ai découvert qu’il fut le précédent directeur du Théâtre du Peuple à Bussang et qu’il est un amoureux de l’écriture théâtrale contemporaine francophone, dont les Québécois Carole Fréchette et Steve Gagnon; enfin, que, malgré l’aspect «théâtre dans le théâtre» de cette pièce de Ronald Harwood, j’avais quelques à priori, tout simplement parce que je n’ai pas l’habitude de voir ce type de pièces ? Autant le dire tout de suite, j’en suis sorti assez enthousiaste. Il se dégage de cette pièce un charme désuet (ce n’est pas péjoratif, il faut seulement entendre qu’il n’y a presqu’aucun effet de mise en scène, comme on a l’habitude de voir aujourd’hui quand on fréquente assidûment les scènes subventionnées – voir la quasi-totalité des pièces que je chronique). La majorité des scènes se déroule dans la loge du Maître, cet acteur charismatique qui vit les dernières heures de sa vie et qui ne serait rien sans son «habilleur», homme à tout faire, répétiteur… La mise en scène est discrète, ingénieuse quand il s’agit de reproduire certaines scènes du «Roi Lear» – la pièce se passe avant, pendant et après la représentation. D’ailleurs, c’est dans ces occasions où nous voyons la troupe au grand complet, s’agiter, faire corps pour faire vivre la pièce. Il y a cette histoire, inspirée par la propre vie de Ronald Harwood, qui fut cet habilleur pour Sir Donald Wolfit de la Shakespeare Company dans les années 50, passionnante. Il y a cette mise en abyme : le théâtre dans le théâtre. Il y a ce parallèle : jouer, quoi qu’il en coûte. Ici les bombardements, aujourd’hui la pandémie. (la mise en abyme de la mise en abyme est que les comédiens de la pièce ont dû répéter et jouer sans leur metteur en scène les dix derniers jours avant la première représentation – la comédienne Camille Grandville y a fait allusion lors des saluts – d’ailleurs, je ne sais même plus si ça en est une, de mise en abyme. Comme quand on répète plusieurs fois le même mot jusqu’à en perdre le sens). Il y a les acteurs. Car il s’agit bien d’un bel écrin pour les deux acteurs principaux Bernard Bloch (Le Maître) et Marc Schapira (l’Habilleur) qui sont impériaux (je suis d’humeur superlative, si je puis dire). Et quand on est au premier rang, on prend des leçons de jeu. En somme, cette pièce fut une surprise et ça fait du bien d’être surpris. Surtout quand c’est des bonnes (surprises). »

Conditions Techniques

Durée du spectacle : 1 h55
Age : tout public
Espace Scénique minimum : Largeur 9m / profondeur 7m / hauteur 5.5m
Fiche technique détaillée sur demande à Philippe Catalano :
contact(at)philippecatalano.com

INFORMATIONS

4 et 5 novembre 2021 à l’Opéra Théâtre de Metz Métropole

Production/diffusion spectacle

Valérie Teboulle

06 84 08 05 95

vteboulle(at)gmail.com

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