On n’oubliera pas son choix de consacrer chaque année à un pays, Belgique, Québec, Allemagne, Angleterre, France. C’est une belle démarche, inspirée de Jean-Pierre Vernant : « on se connaît, on se construit par le contact, l’échange, le commerce avec l’autre. Entre les rives du même et de l’autre, l’homme est un pont ».
Mais Vincent Goethals est très attaché à la création d’aujourd’hui, au langage, d’où sa commande fréquente à des auteurs : Carole Fréchette, Steve Gagnon, Stanislas Cotton, Sedef Ecer, Laurent Gaudé. Toutes leurs pièces ont été éditées.
Il a fait Les Hivernales, multiplié Les petites formes, créé l’ouverture de l’été par un spectacle de danse et sa clôture par un concert.
Tout cela en respectant, en élargissant le rôle des amateurs, par leur nombre, par des stages, par des Rencontres co-organisées avec la Fédération Nationale des Compagnies de Théâtre Amateur. L’amateur est selon le dictionnaire « celui qui cultive les Beaux-Arts sans en faire sa profession ».
Bussang a eu 120 ans en 2015. Vincent Goethals s’est emparé affectueusement et fidèlement de cette circonstance pour mettre en scène l’Opéra de Quat’ Sous de Brecht (27 représentations à Bussang, plus 2 à Metz devant plus de 20 000 spectateurs) et invita Yves Beaunesne à réaliser Intrigue et Amour de Schiller. C’est cette année-là que parût à Actes Sud le livre de Bénédicte Boisson et Marion Denisot « Théâtre du Peuple de Bussang-120 ans d’histoire » et que Vincent Goethals mit en scène Un d’eux nommé Jean de Maurice et Jean Pottecher. Ces deux créations littéraire et théâtrale obéirent à ce conseil de Maurice Pottecher : « l’Art n’est grand que s’il est libre, il ne reste libre qu’en s’adressant à tous ».
Soixante-dix personnes (équipe permanente, technique, équipe saisonnière et l’Association du Théâtre du Peuple) et des dizaines de bénévoles ont continué avec Vincent Goethals à enrichir, à augmenter l’histoire de ce théâtre chaleureux et familial, épique et plein de souffle.
Il a su avec talent perpétuer la tradition tout en inventant la novation. Lui va comme un gant cette remarque d’Eric Ruf, administrateur de la Comédie Française, quand il y vint jouer Peer Gynt : « je suis sûr qu’il y a un plaisir qui n’est que là ».